"Mon pauvre Bernard,
Mais enfin, que t’auras pris de nous planter comme cela en cette fin décembre 2015, telle une cagouille charentaise réfugiée dans sa coquille, et qui refuserait 2016 ?
Cela ne se fait pas, tout simplement…
Bien sûr, au fond de toi, tu ne l’aurais pas voulu.
La faute en est à La Camarde qui n’aura pas voulu te lâcher.
Tu étais un Grand Bonhomme, Bernard…
On ne préside pas pendant des années aux destinées de la FFMF, puis aux nôtres sans de solides références : les témoignages qui auront suivi ton départ n’auront pas fini de retentir et retentiront encore.
Mais sans charisme et sans humanité, vains sont les trophées comme courtes sont les victoires.
Toi, tu t’es inscrit dans la durée.
Tes mains aux doigts spatulés où l’ongle se dispute à la chair, tenaient parfois la palette du peintre. De ces mains naissaient des merveilles.
Mais qui pourrait mieux résumer ta personnalité que ces grands rassemblements modélistes où chacun me demandait si tu étais là… Si on t’avais vu…
Tu arpentais les allées. Je te trouvais une vague ressemblance avec le cardinal de Richelieu, illusion entretenue par un teint rubescent que rehaussait le gilet couleur bordeaux du club.
Sous ta crinière blanche d’ancien blond, tu apparaissais, et chaque arrière de réseau modulaire prenait pour un moment l’aspect d’une Kermesse Flamande où la convivialité et les projets futurs étaient ciment de vie et d’amitié.
Puis on se séparait, prêts tous pour renouveler le pacte.
J’ai appris qu’au paradis des modélistes, Saint Pierre avait chargé le chanoine Antoine Trin de te fournir une grande pièce…
Tu n’aurais mis que peu de temps pour y installer un souk pas possible. Pire : tu en aurais même perdu la clé !
Penaud, tu aurais chargé ta Grand -Mère de réclamer un double…
Après ça, me suis-je dis, ils vont peut-être nous le rendre ?
Mais non, ils auront décidé de te garder pour toujours…
Adieu Bernard !"
Loïc Ramnout
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